Andy Warhol
« Si vous voulez tout savoir sur Andy Warhol, vous n’avez qu’à regarder la surface de mes peintures, de mes films. de moi. Me voilà. Il n’y a rien
dessous »
Andy Warhol est l’une des figures majeures du pop art américain, et au-delà d’un artiste un personnage qui aura profondément troublé les frontières de la création artistique. D’abord formé à l’illustration, Andy Warhol a débuté comme dessinateur publicitaire pour les grands magazines de mode et cet univers à la fois glamour et commercial va imprégner tout son parcours artistique, dans une société américaine des années 60 et 70 en rupture avec les structures traditionnelles. Le personnage subversif, provocateur et mondain qu’il compose deviendra une icône de la scène underground new-yorkaise. A cette époque, l’émergence du pop art, figuration du quotidien le plus trivial, marque une césure avec l’expressionnisme abstrait alors dominant. Avec Andy Warhol, l’art se désacralise. Son travail procède d’une ambivalence assumée et dénuée d’affect entre la création d’une œuvre unique authentique et celle d’un objet commercial. La Factory d’Andy Warhol, véritable studio d’usinage des œuvres, déplace l’art dans le monde industriel et ouvre la voie à l’expérimentation de nouvelles techniques de production de pièces en série, par la duplication de l’image entre photographie et sérigraphie. « Dans un monde mécanisé, l’artiste devient machine : c’est ce que je veux être, une machine ». L’œuvre d’Andy Warhol contient les paradoxes de la post-modernité et témoigne du paroxysme de la société de consommation, du relativisme culturel et du règne du spectaculaire. Avec Warhol, l’art devient lui-même un produit de consommation de masse, un objet de jouissance jouant sur le ressort de l’excitation et de la frustration, évinçant la dimension d’exception propre au désir et sa manifestation dans la sublimation. Warhol revendique une posture d’homme d’affaires de l’art et assène « Ce n’est pas la valeur de l’objet qui compte, c’est la valeur que vous voulez qu’il ait ».
Au début des années 60, ses premières œuvres sont inspirées des comics et des marchandises de supermarché, symboles de l’univers populaire. Sa série emblématique des Campbell Soup Cans est initiée en 1962 et deviendra récurrente. Plusieurs expositions organisées par les galeries avant-gardistes de New York et Los Angeles (Leo Castelli, Ferus Gallery, Sidney Janis Gallery) contribuent à la diffusion de ce mouvement qui en vient alors à occuper le devant de la scène artistique. Sont ensuite produites les premières séries de Warhol sur les stars de cinéma et icônes glamour avec notamment les portraits sérigraphiés de Marylin. Warhol se présente comme un artiste total et entremêle œuvres picturales, expérimentations cinématographiques et narcissisme d’un mode de vie spectaculaire qu’il donne à entrevoir dans ses films sur la Factory devenue l’épicentre événementiel d’une faune noctambule sulfureuse où l’on croise les artistes du Velvet Underground. A partir des années 70, Warhol radicalise son propos et sa posture, réalise de nombreuses œuvres de commande. En 1972, les portraits sérigraphiés de Mao adressent une provocation en pleine guerre froide. En 1976, Warhol réalise les séries Skulls et Still Life. A la fin des années 70, il reprend ses œuvres emblématiques et en réalise des séries rétrospectives. Dans les années 80 il s’empare des toiles célèbres de l’histoire de l’art qu’il duplique et réplique selon sa technique de production artistique. Les portraits et les self-portraits se multiplient. Sa mort en 1987 marque la fin d’une époque et son œuvre bénéficie depuis d’une aura aussi clivante que mythique.