Peter Halley
Le travail de Peter Halley est marqué par le motif récurrent de ce qu’il qualifie de « cellules » et de « prisons », éléments matriciels d’un langage visuel singulier explorant les schémas de la géométrisation spatiale. La réplication de ces figures abstraites donne lieu à un jeu formel en contrastes de couleurs éclatantes et fluorescentes, réalisé en peinture industrielle et crépi synthétique. Dans ses recherches plus récentes, notamment les Constructor Paintings, ou à l’occasion d’installations in situ, il s’émancipe de la surface plane pour introduire des effets de volume qui exacerbent plus encore cette architecture et cette structuration de l’espace qui nous assujettissent et nous réduisent à un être-au-monde purement fonctionnel. L’iconographie de Peter Halley participe d’une réflexion structuraliste sur l’organisation sociétale, dans la lignée de philosophes comme Jean Baudrillard ou Michel Foucault qui ont beaucoup influencé son cheminement artistique, lequel peut être appréhendé comme une théorisation esthétique et graphique des déterminismes qui nous enferment. Lui-même a publié des ouvrages de réflexions sur les effets paradoxaux de la modernité sur nos libertés individuelles. L’impact visuel fort des œuvres de Peter Halley ne laisse jamais le spectateur indifférent et sonne comme une mise en garde face à l’illusion de fonctionnalité d’un univers coloré. Comment inscrire sa subjectivité et éprouver sa liberté dans un monde régi par des mécanismes ?