Est-ce le décor contrasté de son enfance, des maisons alignées, un bassin industriel dans un écrin naturel paysager, qui a imprégné l’univers artistique de Nelio, dont l’œuvre joue une partition de nuances entre minimalisme formel et expressionnisme abstrait, comme une tentative de faire coexister, dans un propos esthétique, des idées en apparence antagonistes ?
Si Pablo Zabala s’est initié très jeune au dessin et à la peinture avant de donner libre cours de façon autodidacte à son langage visuel en espace public avec la réalisation de graffitis et fresques rapidement remarqués, son intérêt pour la pratique artistique l’a conduit a étudier les Beaux-Arts à Bilbao. En effet, de son point de vue, un artiste accompli doit se confronter humblement aux grands maîtres qui ont marqué l’Histoire et apprendre à maîtriser les techniques de la peinture classique, pour mieux cheminer en affirmant sa propre singularité. Il en va de l’inscription dans le monde commun artistique qui nous précède, qu’il s’agisse l’accueillir comme référence ou de proposer une démarche en rupture. Se distinguer, construire son identité artistique, ne signifie pas faire table rase du passé ou dénigrer l’histoire : laissons aux nihilistes l’illusion de leurs égos prométhéens.
Si l’architecture est le premier art, l’art majeur de concevoir et construire des espaces, elle constitue la matrice de la recherche picturale de Chazme, une abstraction formelle inspirée des géométries urbaines et nuancée d’une chromatique singulière qui ouvre une perspective métaphorique. L’univers formel qui se déploie comme un dédale d’édifices représente-t-il ce à quoi l’Homme se heurte dans la contemporanéité postmoderne ? S’agit-il des labyrinthes intérieurs dans lesquels nos rêves nous entraînent ? Ces artefacts sont-ils de nature à nous relier ou à nous séparer, nous isoler dans des ségrégations murales ? L’œuvre de Chazme ouvre d’inépuisables questionnements aussi bien d’ordre intime que sociétaux.
Steph Cop inscrit sa recherche artistique en immersion dans l’écosystème du Morvan où il a installé son atelier. La sculpture est partie prenante d’un cycle vital dont l’artiste explore l’étendue.
En sculptant des arbres tombés à terre, porteurs des stigmates d’une histoire mémorielle, il prolonge leur inscription dans le récit de l’Homme. IX, suite ordonnée de 9 formes – figures ARO, a constitué un mouvement majeur de l’œuvre de Steph Cop entre 2008 et 2020. Un mouvement qui s’est élaboré comme une exploration instrospective d’un rapport de l’Homme à l’arbre, une projection stylisée et épurée des multiples possibles de l’être-au-monde. Au hasard de projets artistiques, Steph Cop a rencontré le photographe Bálint Pörneczi. Il s’est demandé avec quel œil le portraitiste approcherait ses figures de ARO, personnifications de l’arbre. Car, le cycle ARO se terminant, le moment était sans doute venu d’ouvrir le face-à-face entre le je de l’artiste et la figure sculptée à un regard tiers, le moment de s’extraire du miroir anthropomorphique pour enfin pouvoir comprendre l’arbre comme une altérité, saisir le sublime de sa singularité, lui offrir une esthétique spécifique, hors de la projection de soi. L’œil du photographe aura été cette présence autre qui permet à chacun de trouver son propre lieu subjectif. Steph Cop a donc invité Bálint Pörneczi à le suivre dans ses pérégrinations en Morvan, source inspirante, à la rencontre des arbres et des sculptures, en immersion dans le cheminement artistique.
Les musées sont fermés mais les galeries restent ouvertes et l’Art s’invite dans des lieux où nous pouvons encore admirer le travail des artistes. Le Bon Marché Rive Gauche a donné carte blanche à Prune Nourry pour une installation monumentale, Amazone Érogène.
Jouant avec les volumes de l’atrium et des escalators emblématiques sous la verrière du grand magasin parisien, l’artiste présente une œuvre composée d’un sein, cible d’un côté de 888 flèches de bois et plumes, et de l’autre d’un arc. Une interrogation sur le féminin dans sa chair intime : l’artiste a sublimé son expérience personnelle de la maladie en cheminement artistique, manière peut-être d’échapper à la réification du corps et réintroduire un récit subjectif là où les protocoles peuvent donner l’impression de transformer le malade en résident secondaire de sa maladie ?
Les nuits confisquent nos joies ? Plus que jamais, profiter de la lumière du jour, du rayonnement de la beauté, se tourner vers l’Art pour trouver des moments de grâce. Une escapade entre Provence et Côte d’Azur, pour visiter trois lieux sublimes dédiés à l’Art : le Château La Coste près d’Aix-en-Provence, la Collection Lambert en Avignon, la Fondation Maeght à St Paul de Vence.
Le Module de Zeer, graphisme expansé qui est la matière et la matrice de l’œuvre de Medhi Cibille, artiste plasticien venu de l’art urbain, porte une frénésie qui prend un relief particulier dans cette période où nous prenons la mesure, avec grand fracas, de la fuite en avant incontrôlable qui nous menait.