En esthète inlassable, Pol Quadens dessine les traits d’un monde où la « marchandise », fétiche de la laideur transactionnelle, se serait soustraite, évincée par la beauté de l’objet. Comme Kant l’écrivait pour poser les limites d’une marchandisation extensive, « Tout a ou bien un prix ou bien une dignité », Pol Quadens dirait peut-être « ou bien un prix ou bien une beauté ». Sublimer la matière est un élan qui lui vient de l’enfance, une manière de s’inscrire au monde, devenir homme, dans la transmission d’une fierté à concevoir et fabriquer de beaux objets irréductibles à leur fonction. Né en 1960 à Bruxelles, il déploie une œuvre dont l’aboutissement réconcilie le design et l’art.
Geronimo aka Jumping Bull voit la vie en noir et blanc, c’est peut-être pour cela que son existence est haute en couleurs. Une achromatopsie réduit son champ de vision aux nuances de gris, les couleurs n’existent que dans sa mémoire et pourtant le personnage est flamboyant : son parcours et son art résolument iconoclastes s’accommodent mal avec les conventions et les raisons closes qu’il s’emploie à bousculer non sans panache. Pour autant, ce serait mal connaître Geronimo que le réduire à l’esprit rock et aux lumières de la scène qui inspirent une partie majeure de son travail : en coulisses, l’artiste s’intéresse à l’envers du décor, aux invisibles et aux laissés pour compte qu’il met à l’honneur dans certaines de ses œuvres et pour qui il engage des projets caritatifs. Il faut dire que lui-même a connu à la fois la gloire et la déshérence, les écarts de route et les « on the road again » : une intensité de l’existence dans toutes ses dimensions. C’est en effet en prison, et il l’assume d’autant que la suite de son parcours lui a valu une réhabilitation, qu’il a abordé la pratique artistique pour canaliser son énergie. Au départ, des toiles, des essais de techniques et beaucoup de portraits, des toiles accrochées chez lui sans qu’il n’en assume la paternité et qui ont très vite suscité l’engouement.