Pour voir à quoi ressemblait Toxic à 18 ans, le mieux est d’aller déambuler dans les collections du Whitney Museum à New York. Parmi les œuvres de Basquiat, la toile intitulée Hollywood Africans représente, dans ce langage visuel si singulier, un trio d’artistes formés par Basquiat lui-même, Rammellzee et Toxic, trois « gangsters » stéréotypés dans le mythe hollywoodien, trois new-yorkais afro-américains cherchant à inscrire leur nom dans un univers encore inaccessible et peu reconnaissants du talent issu des marges, des banlieues et des minorités. Une série de mots fait référence au rôle peu brillant réservé aux noirs dans les films de l’âge d’or du cinéma. Des mots slashés, rayés, qui en disent long sur la ségrégation qui fracture la société d’alors.
L’expressionnisme post-graffiti dans le New-York underground des années 80 – Dans une période où l’art conceptuel et minimaliste constituaient les courants dominants de l’esthétique contemporaine américaine, l’univers de Basquiat s’est imposé en rupture, comme peinture néo-expressionniste. Basquiat a débuté sa carrière très jeune, en réalisant des graffitis conceptuels avec son ami Al Diaz, sous le pseudonyme SAMO. Dans le New-York des années 80, le mouvement post-graffiti a été marqué par un passage de la rue et des supports urbains à l’atelier et la toile, ouvrant l’accès au marché de l’art pour de jeunes artistes issus de la contre-culture.