En se retournant sur une décennie de création depuis sa transition du mur à la toile pour publier la monographie Variation(s), Yann L’Outsider a dû éprouver un vertige, et ce vertige le spectateur s’y confronte aussi lorsqu’il plonge son regard dans l’abstraction duale de ses œuvres où les surgissements de lumière projetée dans les interstices de matière noire entraînent vers d’insondables infinis… Au fil des séries en noir et blanc qui ont marqué ces dix dernières années, Yann L’Outsider a inlassablement exploré les possibles de la forme dans le langage visuel de l’abstraction : une esthétique de la lettre, au prisme de jeux typographiques, qui prolonge en atelier sa pratique urbaine originelle, mais aussi une esthétique de la forme en mouvement. Des variations au pluriel, que l’artiste cherche à saisir, non pas dans des instantanés en suspens mais précisément dans leurs dynamiques de transformation, et c’est bien une vibration singulière qui émane de ses œuvres, créant une tension dans laquelle nous sommes, spectateurs, littéralement happés.