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Jeff Koons investit le MuCEM à Marseille

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Jeff Koons, artiste contemporain le plus côté mais aussi le plus clivant investit le MUCEM Marseille pour créer un dialogue entre ses œuvres emblématiques et les collections d’art populaire conservées dans les murs en résilles de béton fibré conçues par l’architecte Rudy Ricciotti. Une carte blanche au plasticien qui ressemble un peu au mariage du chien et du homard. Quelle conversation imaginer entre une vingtaine d’œuvres qui ont marqué la flamboyante carrière de l’artiste, dont 19 issues de la collection Pinault et prêtées pour l’occasion, et les objets du quotidien, témoins de l’histoire des modes de vie populaires, appartenant au patrimoine ethnographique du MUCEM hérité de l’ancien Musée des Arts et Traditions Populaires de Paris ? 

L'art dans l'objet

Assurément pourra-t-on lire dans cette mise en regard affranchie la fulgurance du règne de l’objet, trajectoire stupéfiante qui va de son utilité strictement fonctionnelle à sa marchandisation poussée jusqu’à la spéculation désarrimée du réel, sur fond d’esthétisation du gadget et de la vacuité. Pour Jeff Joons, « tout peut se transformer en art » et si ses créations sont qualifiées de « kitsch », l’artiste répond que « Le terme “kitsch” est un procès d’intention. Ses connotations péjoratives sont utilisées par ceux qui se servent de l’art comme une forme de ségrégation. Je ne crois pas au kitsch parce que je ne crois pas à l’exclusion. L’art a pour vocation d’encourager l’acceptation universelle, transcendantale, en commençant par l’acceptation de soi-même ». L’artiste, fils d’un décorateur d’intérieur et machand de meubles, a suivi une formation à l’Institut d’art de Chicago, avant d’être guichetier au MoMA NYC puis vendeur de fonds de placement. Depuis ses débuts dans le monde de l’art, il porte un propos créatif « anti-critique et anti-jugement ».

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Une exposition majeure

Près de 300 pièces ont été sélectionnées pour mettre en lumière les résonances symboliques entre les créations kitsch néo-pop de celui que l’on surnomme Mickey L’Ange et les vitrines d’objets populaires authentiques, dont beaucoup relèvent de l’univers du cirque très présent dans les collections du MUCEM. Balloon Dog, Lobster, Hanging Heart, ainsi que des toiles plus récentes ont été installées selon une scénographie imaginée par l’architecte Pascal Robriguez et supervisée de manière pointilleuse par un artiste d’une précision obsessionnelle. Une mise en scène qui crée des ambiances différentes dans chacune des salles d’exposition, avec jeux de lumière et miroirs. Les associations libres agencées par l’artiste néo-pop sont livrées au spectateur sans clés de lecture particulières pour laisser à chacun l’espace libre de sa propre narration. Le Travel Bar, moulage de Jeff Koons (1986) s’entoure de pichets de Sarreguemines et de verres de tradition artisanale. Ce Travel Bar fait partie de la série d’œuvres Luxury and Degradation. Le Travel Bar, gadget de luxe, a été réalisé sur le modèle de celui que possédaient ses parents, un symbole d’ascension sociale et de réussite.

Pour cette exposition, l’œuvre a été mise en scène dans une des salles du MUCEM, au premier plan de la profondeur de champ d’une vue mer sublimée par les lignes de Rudy Ricciotti, lequel a conçu le MUCEM non pas sur un mode impérialiste mais sur celui de la fissure, de la faille, de ces fêlures qui laissent filtrer la lumière, un bâtiment « d’eau, de pierre et de vent » qui par la grâce de ses dentelles de béton ciselées offre un panorama en mosaïque sur les nuances de bleu de la Méditerranée. Que penserait Rudy Ricciotti à la vue des installations de Jeff Koons entre ces murs façonnés comme un madrigal provençal, ode à la beauté ? Architecte au verbe truculent, Rudy Ricciotti ne manque jamais de fustiger l’appauvrissement de l’esthétique et l’infantilisation de la vie culturelle.

« L’architecte a la responsabilité de produire de la beauté durable et de la dignité. Faire le choix de la beauté aujourd’hui, c’est un engagement, une résistance. Je me bats contre la faillite de l’esthétique. Si je n’ai pas de définition de la beauté, je sais ce que c’est que la laideur ». L’architecte revendique un point de vue sur l’esthétique en tant qu’elle dit quelque chose de notre rapport au monde et engage le récit de notre époque ; il s’inscrit résolument dans une quête persévérante et rebelle de la beauté qui émancipe. « Il semble que nous sommes bien trop ouverts au champ de la médiocrité générique : nous l’accueillons à l’aveugle », martèle Rudy Ricciotti à renfort de saillies sur la mystification post-moderne.

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© Lois Elzière

Jeff Koons, un artiste clivant ?

Jeff Koons ferait-il partie, à ses yeux, de ces artistes imposant leurs caprices infantiles en lieu et place de l’effort et du talent pour livrer une œuvre qui, bien que sans adresse, par la promesse d’un avant-gardisme qui flatte un certain  narcissisme du spectateur, clive le monde entre les audacieux et les hermétiques ?

Jeff Koons revendique l’art accessible à tous, comme un retour à des joies innocentes et ludiques : « Le monde de l’art utilise le goût comme forme de ségrégation. J’essaye de faire un travail que tout le monde puisse aimer, que les gens les plus simples n’imaginent pas ne pas pouvoir comprendre ». Dans la lignée d’un Warhol malicieux et provocateur qui assénait « J’ai commencé avec l’art commercial, je veux terminer avec une entreprise d’art (…), être bon en affaires est la forme d’art la plus fascinante », Jeff Koons manie toute l’ambiguïté de l’art financier, considérant l’art comme « un vecteur privilégié de merchandising ».

Artiste phare de la collection Pinault, dont les acquisitions ont jalonné une carrière qui fera de lui le plasticien vivant le plus côté avec un record de 91,1 millions de dollars établi en juin 2019 lors d’une vente chez Christie’s pour un Rabbit de 1986, Jeff Koons est sans doute aussi le plus controversé tant ses installations dans des lieux chargés d’histoire ont pu susciter de réactions indignées. La polémique suscitée par les Tulipes offertes à la ville de Paris et présentées sur les Champs-Élysées en hommage aux victimes des attentats de novembre 2015 avait été vive. Le philosophe Yves Michaud avait publié un pamphlet suite à l’affaire, intitulé Ceci n’est pas une Tulipe. Cynisme ou bienveillance ? L’artiste affiche une gentillesse désarmante en toutes circonstances. Jeff Koons concentre les paroxysmes de notre contemporanéité et son oeuvre, exposée au MUCEM, nous livre quelques réflexions magistrales sur les mutations anthropologiques qui sillonnent et transforment notre civilisation. 

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Lobster - © Lois Elzière

Jeff Koons MUCEM, œuvres de la Collection Pinault, du 19 mai au 18 octobre 2021.

Le MUCEM a été inauguré le 7 juin 2013. Le nouveau bâtiment, nommé mole J4, conçu par Rudy Ricciotti en association avec Roland Carta est relié par une passerelle au Fort St-Jean qui surplombe le vieux port de Marseille.

On pourra également voir des œuvres de Jeff Koons cet été 2021 à Rennes, à l’occasion de l’exposition d’une centaine de pièces de la collection Pinault sélectionnées par le commissaire Jean-Jacques Aillagon. L’exposition, qui propose un parcours inédit parmi les créations de 57 artistes, se tiendra au Couvent des Jacobins du samedi 12 juin au dimanche 29 août. Intitulée Au-delà de la couleur, l’exposition aura pour thème le noir et le blanc.

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