Si la collaboration entre Hatchikian Gallery et Quai 36 se poursuit au fil des expositions présentés depuis l’inauguration d’un partenariat en 2022, c’est par l’élan d’un enthousiasme contagieux qui réunit les équipes, les curatrices, les artistes, pour mettre en lumière des talents à découvrir à travers des scénographies origines, venues d’affinités électives entre des personnalités qui ont avant tout plaisir à travailler ensemble et partager leurs émotions artistiques.
La collaboration artistique entre Hatchikian Gallery et Quai 36 au fil des expositions.
Après avoir présenté des solo shows au long cours : Carte Blanche à Yann L’Outsider en trois tempos, Art Habité de Zepha en deux parties, Hatchikian Gallery et Quai 36 ont eu envie de souligner les résonances entre les démarches et les œuvres d’artistes issus du graffiti et ayant peu à peu affirmé la singularité de leur propos pictural en atelier. C’est ainsi que l’année 2023 s’est ouverte avec le group show Projections associant Nelio, Chazme, et Zabala, trois artistes internationaux qui interrogent, à travers leurs réalisations murales in situ et leurs œuvres sur toile, notre manière d’habiter un monde en quête de sens. Ces trois remarquables coloristes nous ont entraînés dans leurs univers chromatiques et formels singuliers en ouvrant nos regards sur les lignes et horizons de nos environnements. La scénographie imaginée par Audrey Hatchikian et Julie Frydman a permis d’apprécier l’écho évident ou plus imperceptible entre des œuvres qui explorent l’architecture de notre décor-monde, ses géométries, sa poésie, sa dimension onirique, ses formes organiques, ses nuances de couleurs, sa matérialité confrontée à sa naturalité. Une manière d’élargir nos perspectives à des dimensions inédites que seul l’art rend visibles.
Le duo show Jumpin’Colors : le réveil de la couleur, par David Bruce et Simon Poter.
Ce printemps va être marqué par un réveil de la couleur, dont nous avons grand besoin pour nous extraire des pesanteurs quotidiennes. Les curatrices Audrey Hatchikian de la galerie éponyme et Julie Frydman de l’équipe Quai 36 ont eu à cœur de réenchanter nous regards d’une picturalité éclatante et résolument optimiste en réunissant pour un duo show intitulé Jumpin’Colors les artistes David Bruce et Simon Poter. Jumpin’Colors car c’est à un véritable jeu que se livrent ces deux créateurs autour d’aplats de couleurs vibrantes qui donnent une incroyable vitalité aux figures et formes assemblées sur la toile. Si la couleur est au centre de leurs propos, leurs toiles se défient à la manière d’une joute graphique acidulée entre les figures stylisées de David Bruce et les formes géométriques agencées de Simon Poter. Ces deux artistes proposent une démarche esthétique qui ne prétend pas faire de l’art un vecteur d’introspections tortueuses ou de messages conceptuels. L’art est pour eux la source d’un surgissement immédiat qui nous invite à voir la vie en pulsations de couleurs joyeuses.
David Bruce : les couleurs et les figures pop d’un élan artistique joyeux.
David Bruce compose des parodies de natures mortes – que l’on devrait au contraire qualifier de vivantes – en version pop, comme des pieds de nez à l’austérité, pour restituer aux objets un élan de vitalité chaleureuse. Sur la toile, il mixe en hip-hop des bananes démesurées, des oranges disproportionnées, des smileys générationnels, des logos fédérateurs d’une culture urbaine, des ballons de basket qu’il affectionne, ayant passé son adolescence à pratiquer ce sport sur les terrains de banlieue ; il ajoute des gouttes de pluie qui ne sont jamais tristes, des références aux séries américaines vintage des années 90 ou encore des requins des dents de la mer. Des compositions facétieuses où les formes, figures et motifs reviennent en gimmicks d’un langage visuel polychrome, convoqué dans des effets d’aplats qui créent des perspectives paradoxales et des illusions de profondeur de champ. L’artiste utilise une palette restreinte de couleurs franches et vivaces, qu’il décline également sur des céramiques. Car son attrait pour les lignes courbes aux allures naïves l’a naturellement amené aux volumes de la céramique. Il réalise lui-même des vases et contenants aux morphologies décalées et humoristiques, ensuite customisés de ses figures signature fétiches. Un véritable dialogue se noue désormais entre la toile et la céramique, avec des effets d’échos et de références entre l’un et l’autre de ces supports. L’exposition Jumpin’Colors sera l’occasion de découvrir des toiles en différents formats emblématiques de son univers et renouvelées, pour cette production inédite, d’apports de nouveaux éléments de la culture populaire. David Bruce présentera aussi des céramiques pièces uniques qui mettront en relief ses assemblages colorés.
David Bruce, l’art décomplexé centré sur la dimension ludique.
David Bruce revendique un art décomplexé, une audace créative faisant fi des jugements sentencieux venues des snobismes avant-gardistes. Il ne perd jamais de vue la dimension de plaisir et d’amusement dans la démarche esthétique, qu’il s’agisse de sa propre jubilation à composer ou des vibrations solaires transmises aux spectateurs curieux de son travail. Cet ancien basketteur peint et graffe comme il joue, avec la fougue d’une gestuelle presque chorégraphique. S’il a débuté son parcours par la pratique du graffiti sur les trains, il ne récidive aujourd’hui qu’à l’occasion de challenges entre amis, pour perpétuer l’esprit frondeur des conquêtes graphiques qui ont pu stimuler son expression visuelle à l’adolescence.
David Bruce vit aujourd’hui à Liège où il a installé son atelier, après avoir passé quelques années dans le Berlin artistique effervescent de l’après chute du mur. Liège est une ville gagnée par une émulsion artistique mais qui conserve une authenticité de rencontres non perverties par les biais de notoriété. Une ville à partir de laquelle David Bruce peut sillonner toute l’Europe, en adepte d’un nomadisme artistique inspirant. Depuis plusieurs années David Bruce expose régulièrement à l’international : New York, Paris, Zurich, Hambourg, Miami, Bruxelles ont accueilli ses toiles malicieuses et acidulées.
La collaboration artistique David Bruce & Nike.
En 2022, l’artiste a eu la surprise de recevoir une proposition inattendue de Nike – qui avait repéré son travail relayé sur les réseaux sociaux – pour une collaboration : la demande portait sur la réalisation d’une capsule de trois T-shirts. David Bruce s’est toujours amusé à décliner des swooshs retracés à sa propre identité visuelle ; il a eu carte blanche pour imaginer, au cours d’un projet bouclé en huit semaines, des T-shirts désormais collectors et portés dans le monde entier, par des inconnus comme par des immenses stars.
David Bruce a rejoint le pool d’artistes de Quai 36 pour une live performance lors de la dernière édition de l’Urban Week Paris la Défense durant laquelle il a réalisé une fresque emblématique de ses compositions facétieuses. Il rejoint aujourd’hui Hatchikian Gallery à l’occasion du duo show Jumpin’Colors qui va le confronter amicalement, dans un match de couleurs, à l’artiste lyonnais Simon Poter.
Un match de couleurs entre figures stylisées et formes géométriques.
Les deux artistes David Bruce et Simon Poter fondent leurs propos artistiques sur une gamme limitée de couleurs signatures acidulées. Mais si cette polychromie éclatante compose les figures stylisées d’un quotidien populaire chez David Bruce, elle assemble dans une arithmétique singulière des formes géométriques abstraites chez Simon Poter. Graphiste créatif et graffeur de lieux désaffectés, Simon Poter s’est orienté vers le travail en atelier où il imagine des toiles dont on peut dire qu’elles s’inscrivent dans la lignée de l’abstraction géométrique et de l’art concret. L’artiste explore tout le pouvoir dynamique des pigments, dans des associations où les formes en aplats sont mises en tension par un rapport singulier entre les lignes pures et les couleurs franches.
Simon Poter, une abstraction géométrique vibrante de couleurs.
Régulièrement sollicité pour des collaborations, des fresques urbaines et des participations à des festivals de Street Art, Simon Poter œuvre à la fois sur les murs et sur toile où il décline ses plans fractionnés et ponctués d’une rythmique de formes et couleurs, comme des motifs d’imprimés, avec une prédilection pour les jaunes, les roses, les turquoises et les bleus. Ses agencements puisent dans un répertoire de formes et une gamme de couleurs vibrantes qui tranche avec la grisaille de nos environnements urbains quotidiens.
L’œuvre de Simon Poter tisse avec le Bauhaus, Kandinsky, Vasarely, Matisse ou encore Poliakoff, des affinités électives artistiques évidentes, qui donnent à sa démarche un caractère à la fois éminemment contemporain et intemporel, pouvant être après-coup, par le regard du spectateur, rapproché de mouvements artistique issus des années 20 et s’étant déployés en divers courants au fil du XXème siècle. Simon Poter aborde le duo show Jumpin’Colors avec une énergie toute particulière, une excitation à croiser ses œuvres avec celles de David Bruce pour une exposition parisienne qui lui offre un rendez-vous réjouissant marquant l’année de ses 40 ans. Il proposera des œuvres emblématiques de son approche, mais aussi des détours vers des recherches picturales plus inédites : des compositions monochromes en camaïeu de blancs, une incursion dans la direction du figuratif avec la représentation d’une « ville Poter » stylisée entre traits architecturaux et éléments de vie urbaine multicolores –une ville dans laquelle on voudrait habiter. Il présentera également deux tapis réalisés de façon artisanale qui reprennent ses patterns à la manière d’un imprimé, où l’on retrouvera sa signature de formes et couleurs : une intensité effusive de motifs abstraits.
Simon Poter a eu l’occasion de participer à un projet Quai 36, une expérience en immersion avec l’équipe de la Maison de production d’art qui s’est révélée particulièrement stimulante. Il a réalisé une fresque dans le cadre du projet architectural Entract’ pour la construction de la résidence Artchipel à la Garenne-Colombes. Une œuvre murale monumentale qu’il a conçue comme une rythmique de jazz vibrante de pulsations colorées. C’est donc avec un grand plaisir qu’il retrouve l’équipe de Quai 36 et qu’il rejoint également Hatchikian Gallery pour présenter son travail en atelier lors de cette exposition Jumpin’Colors.
Jumpin’Colors, une exposition scénographiée par Audrey Hatchikian et Julie Frydman.
Audrey Hatchikian et Julie Frydman, les curatrices de cette nouvelle exposition, ont imaginé une scénographie qui souligne l’intensité des éclats de couleurs sur un terrain de jeu où les figures et les formes se font la passe et vont capter nos regards pour les emplir d’une énergie solaire et joyeuse, nous invitant à célébrer le printemps de l’art. Retrouvez ce duo show présenté en collaboration entre Hatchikian Gallery et Quai 36 à l’espace Quai 36 au sein de la Fondation Fiminco à Romainville, nouveau pôle culturel de l’est parisien. Jumpin’Colors se tiendra du 6 avril au 30 juin avec un vernissage le 5 avril à partir de 18h en présence des artistes qui réaliseront des performances, rencontreront le public en séances de dédicaces : l’occasion de se réunir pour une soirée vibrante autour d’un cocktail d’accueil et DJ set.