Après ses réalisations dans l’univers de l’art urbain, c’est vers l’abstraction typographique que L’Outsider a orienté son travail. En atelier, il a conservé du graffiti une gestuelle créatrice fulgurante et compulsive, démultipliant les possibles d’une esthétique de la lettre, qui reste la matrice de l’œuvre.
Aujourd’hui, c’est une terre rurale de Bretagne où il s’est installé depuis quelques années qui constitue le décor de cette mise en suspens qui le confronte à une temporalité inexplorée. L’Outsider nous envoie une photographie de son atelier dans les dépendances du corps de ferme où il vit, qui est devenu l’abri de la récolte artistique.
Le rapport à l’espace-temps qui marque son œuvre est interrogé par les limites qu’imposent le bouleversement actuel. Se révèle toute la puissance d’une tension qui parcourt la recherche de l’artiste, tension duale qui déjoue les oppositions.
Pour L’Outsider, il s’agit aujourd’hui de composer avec cette limite, avec une dynamique temporelle qui nous dépasse, sans renoncer à l’énergie de l’instantané de l’acte créatif. Pendant ce temps “hors de ses gonds” du confinement, l’artiste apprend, en observant son environnement, en écoutant les enseignements de grands-parents voisins paysans, la loi du cycle vital. Dialogue fertile entre l’art et la nature, entre les générations, entre les racines terriennes et la sublimation créatrice.
L’artiste considère ce surgissement de l’impensé qui pétrifie le monde comme une invitation à l’humilité. Dans son travail, il s’agira d’accepter que l’œuvre déploie sa propre temporalité. Elle doit germer, grandir, mûrir. L’artiste souhaite apaiser sa frénésie pour une créativité plus aboutie. Il éprouve ce confinement comme une forme de rédemption artistique, lui qui a pratiqué l’art urbain dans son illégalité constitutive, sa manière de s’imposer à l’autre. Ménager l’espace de l’autre est cependant un parti pris qui s’affirmait déjà dans l’évolution de l’œuvre vers l’abstraction. Le propos de !’Outsider se garde de toute visée démonstrative. À chacun de trouver sa manière de dialoguer avec l’œuvre, de se laisser porter par sa cinétique, par son esthétique, comme on se laisserait porter à l’écoute d’une partition de musique. L’artiste n’a pas d’explication à imposer.
L’Outsider avait déjà amorcé une recherche vers l’abstraction à travers l’inspiration venue de l’astronomie, de l’infini ment grand, Des lois de la physique, de la lumière en tant qu’elle définit l’espace-temps. Porter le regard sur l’immensité lui enseigne que nous ne sommes que de petits grains de sable dans une dynamique qui nous échappe. Un souhait pour le monde d’après: moins de postures, moins d’imposture.
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