Sur la route du cacao
Olivia Paroldi s’apprête à partir au Cameroun, première étape d’une série de visites de fermes de cacao à travers différents continents, pour un projet artistique qui lui tient à cœur, associant comme toujours l’humanisme de la cause des droits de l’enfance et la poésie du langage graphique déployé dans ses estampes.
Les origines du projet
« Ce projet est né d’une belle rencontre, s’enthousiasme l’artiste. L’univers de l’enfance est un des fils conducteurs de mon travail et c’est un sujet que nous avons en commun avec mon compagnon Julien Dechenaud, chocolatier parisien. En effet, le chocolat véhicule le goût de l’enfance, il est l’emblème d’une gourmandise insouciante ».
Pour Julien Dechenaud, l’immersion dans les fermes de petits producteurs de cacao est l’occasion de remonter à l’origine de la typicité du goût des différents crus, de comprendre comment des notes spécifiques se développent en fonction du climat, du terroir, du travail et du traitement des fèves, un caractère unique qu’il entend restituer aussi fidèlement que possible dans ses créations, en respectant l’histoire associée à chaque culture. Olivia Paroldi va rencontrer les familles du village organisé autour de la ferme, rencontres qui vont inspirer une série d’estampes.
« J’aimerais comprendre comment les enfants perçoivent le goût du cacao, savoir quel est leur goût d’enfance, savoir comment ils se représentent la gourmandise, si tant est que le concept existe en des termes comparable au notre, si l’imaginaire du goût est le même ou s’il est différent », précise Olivia Paroldi.
Une démarche artistique et humanitaire
Ces rencontres et ces échanges, l’artiste va les raconter dans le langage graphique qui est le sien : l’estampe. Les dessins qu’elle grave sont toujours une manière de rendre visible les invisibles, avec douceur et bienveillance, avec une attention à l’autre, avec le souci de révéler la beauté et la grâce de chacun dans les traits délicats de ses gravures.
« Je serai attentive à la condition de ces enfants qui vivent autour des fermes de cacao. Mon travail sur la poésie de l’enfance, déjà présent dans différentes séries, s’inscrit toujours dans un engagement, celui de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. J’espère que mes collages pourront contribuer à leur manière à ouvrir le regard sur les progrès qui restent à accomplir dans ce domaine. Le chocolat peut être un produit de luxe dans nos sociétés et le contraste avec les conditions de production des fèves est de nature à nous interroger ».
Première étape d’un périple qui mènera Olivia et Julien aux quatre coins du monde – en attente de l’ouverture des frontières – une ferme située au Cameroun, dirigée par une femme, production qui constitue l’activité principale d’un village. L’artiste va rencontrer les enfants de l’école et prendre le temps de faire leur connaissance, à travers des ateliers de création artistique. Elle va également nouer un dialogue avec les enfants orphelins de la région. Le fait de pouvoir dessiner en commun avec les enfants sera une jolie manière d’aborder la question de la gourmandise, et comprendre quelle forme elle prend pour chacun, à quoi renvoie pour chacun le goût du chocolat … Olivia Paroldi aborde ces questionnements à la manière d’une ethnologue, et ses réalisations artistiques viendront témoigner des rencontres qui auront pu nourrir la connaissance d’un univers singulier. Films et photographies viendront également documenter le projet de création artistique, et permettront de partager les moments de grâce qui ne manqueront pas de ponctuer le cheminement créatif et la genèse des différentes œuvres.
Aux côtés de Julien Dechenaud, Olivia Paroldi va chercher à transcrire et représenter, dans ses estampes, la saveur. Toute la saveur, au-delà du goût, de l’histoire et de la connaissance du goût, l’artiste va la déployer dans un langage graphique tissé de rencontres, sous la forme de pop-up d’estampes qui s’ouvrent et se développent avec un effet de surprise, comme lors d’une dégustation inédite et initiatique. Un jeu entre l’ouvert et le fermé, le visible et l’invisible, les apparences et les réalités incarnées.
Une histoire mémorielle à conter
De la fleur de cacao à la fève, c’est toute une trajectoire mémorielle, nourrie des empreintes de la terre, façonnée par la topologie et le caractère du terroir, les caprices de la nature, la vie des éléments, le cycle vital, qui va révéler la spécificité des notes gustatives. Cette histoire mémorielle, Olivia et Julien vont la transcrire ensemble, chacun dans leur champ de création. La typicité des notes de chocolat pour l’artisan de la gourmandise, la singularité de l’histoire de l’Autre à travers son rapport au goût pour l’artiste humaniste.
Après cette première étape au Cameroun, d’autres fermes de cacao, d’autres petits producteurs, d’autres terres, d’autres continents, seront autant de découvertes et de précieuses rencontres. Le goût est un voyage à la rencontre de l’Autre.
Nous avons hâte de découvrir les œuvres que Olivia Paroldi va rapporter de ces ailleurs. Nous avons hâte de découvrir aussi les tablettes qui vont concentrer toute la puissance de saveurs uniques empreintes de ces histoires et témoins de ces rencontres, tablettes que l’artiste illustrera de ses traits délicats.