L'essence du mouvement IX dans l’œuvre de Steph Cop
Steph Cop inscrit sa recherche artistique en immersion dans l’écosystème du Morvan où il a installé son atelier. La sculpture est partie prenante d’un cycle vital dont l’artiste explore l’étendue. En sculptant les arbres tombés à terre, il prolonge leur destin dans des figures qui perpétuent l’histoire mémorielle. Dans le déploiement de son œuvre, les Fragments sont une série sculptée qui tiennent une place toute particulière. Interlude ? Transition entre deux mouvements ? Une séquence de sculpture comme un moment artistique en suspens qui marque la fin du cycle ARO incarné dans le mouvement IX et l’élan vers une nouvelle dynamique créatrice, élan vers le monumental.
Les Fragments, une abstraction de l’esprit incarné dans le Cube
Les Fragments, formes AROèdres ont une place singulière dans la recherche artistique de Steph Cop. Ils sont une déclinaison du Cube conçu comme l’essence du mouvement ARO, acronyme de Analyse Réflexe Obsessionnelle qui définit la démarche initiatrice du mouvement. Le Cube est l’originel qui impulse à la fois la structure langagière de la série sculptée et le rythme cyclique de la création. Les formes ordonnées du mouvement ARO sont venues de l’énergie d’un cube imaginaire, que l’artiste conçoit comme une projection du Je, projection de la psyché introspective. Dans sa transposition esthétique, le Cube est pour l’artiste la base de l’arbre tel qu’il le représente dans l’abstraction ; il est situé au-dessus des racines. Le Cube est la néguentropie de l’arbre, l’organique qui donne vie à la figure sculptée. Il est le centre de gravité, l’appui indéfectible de l’arbre sculpté, l’élément où se noue le lien entre la force de l’arbre et le geste du sculpteur, précis et d’une dextérité respectueuse de la matière. Le mouvement ARO est un cycle de sculpture au sens fort du terme, car s’il a été marqué par une dynamique d’élévation des lignes, de mise en tension, d’épure, de dissymétrie, c’est une nouvelle gravité qui se dessine au terme de l’exploration artistique, qui prend la forme ultime d’un retour au Cube, consacrant l’achèvement de la suite ordonnée. L’imaginaire originel est alors traduit mot pour mot dans l’épure finale d’une abstraction de l’arbre sculpté rendu vivant. Le Cube symbolise le prolongement d’une obsession dans la création. Il opère une greffe entre la vitalité de son être-sculpteur et celle de l’œuvre qui restitue la grandeur de l’arbre. Les Fragments AROèdres sont issus de ce symbolisme du Cube.
Fragment 000, 2020 – Patine Vert Bronze
Bronze
8 exemplaires + 4 E/A
N°5/8
Oeuvre numérotée et signée
H15 x L15 cm
Les Fragments, une exploration méditative de la forme Cube
Formellement, la séquence des Fragments, venue à l’hiver 2020, consiste en une déconstruction du Cube en une suite ordonnée d’asymétries. L’artiste joue avec les prismes et les dissymétries, en écho avec les précédents moments de l’œuvre que sont Brain Amusement et Cerebrum Structura. Les facettes multiples et polymorphes des Fragments sont autant de perspectives qui dessinent les contours fugaces d’une identité plurielle entre zones d’ombre et traits saillants, comme une allégorie de l’intranquillité, des nuances et paradoxes de l’insaisissable de l’être. L’asymétrie introduit un déséquilibre et déjoue le statut géométrique du cube, créé une contingence, un événement ni tout à fait dû au hasard ni à un déterminisme. Ces Fragments, l’artiste les nomme Polymorphes de l’âme ; ils sont pour lui l’abstraction d’un esprit diffracté. Il invite chacun à un jeu méditatif au regard de ces Fragments et de la multiplicité des possibles qu’ils représentent. Un antidote à l’uniformité et à la normativité.
Fragment 000, 2020 – Patine Antico Verde
Bronze
8 exemplaires + 4 E/A
E/A n°IV/IV
Oeuvre numérotée et signée
H15 x L15 cm
Des formes originales sculptées dans le bois et éditées en nuances chromatiques de bronze
Deux séries de Fragments ont été sculptées par Steph Cop, l’une en 9 formes de 5x5cm, l’autre en 9 formes et 3 études de 15x15cm.
La première série de Fragments AROèdres de 5x5cm comprend 9 formes sculptées originales éditées en bronze 8+4. Dans cette édition bronze, chaque forme correspond à une nuance chromatique : I/IX noir, II/IX antico verde, III/IX silver, IV/IX charbon mat, V/IX cuivre, VI/IX aluminium, VII/IX or, VIII/IX brun de mars, IX/IX verde. Ces petits fragments se tiennent dans la paume de la main et s’offrent alors à un jeu tactile et spirituel, une rencontre sensorielle aux perspectives démultipliées. Une exploration esthétique, un amusement artistique pour une manière inédite d’aborder l’œuvre de Steph Cop. De plus en plus, l’artiste, dont la sculpture témoigne de l’immersion dans un écosystème, invite chacun dont le regard va interrogation l’œuvre, à s’inscrire dans un récit à la fois incarné et imaginaire – celui de la symbiose entre l’Art et le Vivant, car relier est bien la vocation de l’Art.
La deuxième série de Fragments est composée de sculptures de 15x15cm. Dans cette séquence, Steph Cop a sculpté une suite de 12 Fragments en bois, comprenant 9 formes numérotées et trois études n*0. Le Fragment AROèdre 000 en noyer a été édité en différentes nuances chromatiques de bronze révélant les traits et failles de la matière originelle : Noir, Cuivre, Vert antico, Vert bronze, Aluminium, Argent, Or, Vert Antico, Argent, Noir. Les nuances chromatique de bronze donne une profondeur et un reflet singulier aux aspérités et rides de la matière originelle.
Les Fragments, un élan vers la sculpture monumentale
Dans l’œuvre de Steph Cop, les Fragments constituent un point d’inflexion marquant une transition entre le mouvement IX Arbre et une nouvelle orientation qui, s’émancipant de la figure anthropomorphe ARO sculptée dans l’arbre, se déploie vers l’abstraction et le monumental. Si le cycle ARO se termine, la puissance de l’œuvre reste inépuisée. Un mot qui n’existe que dans la langue japonaise pourrait évoquer avec poésie l’apparition des AROèdres : Nagori, qui suggère l’empreinte laissée par quelque chose qui n’est plus, cette présence qui persiste d’un événement terminé, la trace qui prolonge un cycle refermé. Une fleur qui éclôt après la saison, une lune dont on perçoit encore les contours alors que le soleil pointe. Ces fragments déconstruits et sculptés sont cette trace persistante du cycle ARO qui s’est achevé. Le propos de l’œuvre restera cette recherche de l’histoire mémorielle de l’arbre incarnée dans une matière dont l’artiste prolonge l’élan vital. La sculpture est empreinte des traces d’une trajectoire singulière et c’est désormais la forme naturelle que la main de l’artiste va restituer dans une abstraction stylisée, dans l’esprit de l’esthétique inachevée du non-finito. Dans ses sculptures en devenir, Steph Cop explore les traits de la naturalité propre de l’arbre et de la biographie qui se révèle dans sa matière-chair intime. Chaque arbre rendu à la vie par la sculpture va désormais ouvrir l’histoire d’un nouvel arbre planté qui prolongera la narration.