Nelio
« Ma recherche d’abstraction, qui déjoue l’opposition entre minimalisme et expressionnisme, est une manière de passer de la forme à l’informe, du connu à l’inconnu, en laissant advenir l’inattendu. L’épure ou la densité chromatique ouvrent une pluralité de projections que je laisse au spectateur. »
Né en 1982, Nelio est un artiste autodidacte qui a fait évoluer sa pratique d’abord confirmée dans l’espace public vers le travail en atelier. Les deux supports que sont le mur et la toile entretiennent dans sa recherche esthétique abstraite une résonance dialectique. Nelio a réalisé de nombreuses fresques dans les grandes villes des différents continents, à l’invitation d’institutions et de festivals. Il a participé à des résidences d’artistes qui ont été l’occasion de rencontres décisives pour affirmer la singularité de son approche non-académique dans le monde commun hétéroclite de l’art et trouver ainsi sa légitimité à déployer une œuvre affranchie des catégories qui déterminent les différents mouvements contemporains.
L’œuvre de Nelio oscille entre deux pôles a priori antagonistes que sont le minimalisme formel et l’expressionnisme abstrait. Ses créations minimalistes épurées, notamment en espace public, s’inspirent souvent des lignes architecturales et du rythme des géométries, transcrits en aplats de couleurs et textures qui ouvrent des perspectives et une profondeur de champ remarquables. Ses fresques murales se fondent dans la topologie de leur environnement auquel elles semblent proposer un prolongement vers de lointains horizons. Nelio travaille aussi ce minimalisme dans ses bas reliefs et ses sculptures, ajoutant des effets de volume aux formes génériques. Il explore les possibles de cette nouvelle dimension en assemblant divers matériaux naturels et parties d’objets trouvés, pour renouveler son jeu de compositions et de recompositions stylisées.
Le deuxième pôle de la recherche artistique de Nelio est l’expressionnisme abstrait, avec des œuvres plus denses de couleurs et de formes organiques accumulées, superposées dans une alternance d’effacements, interrogeant les méandres de l’intériorité, comme un écho intime à ses œuvres minimalistes ouvertes à l’infiniment grand. Une densité que l’on retrouve surtout dans son travail en atelier, car elle nécessite plus de temps, celui d’un cheminement inconscient de strates dont l’achèvement reste suspendu, confronté à l’imprévisible.
Si l’abstraction est commune aux deux orientations de la démarche de Nelio, l’artiste éprouve le besoin de réaliser des pièces qu’il qualifie d’intermédiaires pour parcourir des nuances inédites entre ces deux mouvements de l’art contemporain et inviter à suivre une voie qui dépasse les dichotomies apparentes. L’artiste travaille ainsi par séries évolutives et progressives qu’il complète au fil du temps. Une manière de brouiller les pistes sans totalement dérouter le spectateur et d’entremêler des pratiques divergentes pour faire coexister, par l’acte créatif, des idées adverses. Dans le même esprit, Nelio crée avec le souci de ne pas imposer un sens définitif à ses œuvres, afin de les ouvrir aux projections et aux interprétations de chacun. Suggérer plutôt que démontrer, questionner plutôt qu’expliquer : l’abstraction n’est pas un discours, il est le langage de l’indicible, une esthétique des lignes, des formes et des couleurs qui dépeint nos mondes intérieurs et les paysages de nos paradoxes existentiels.