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Basquiat, de l’icône de la culture hip-hop et du post graffiti à la figure majeure du marché de l’art.

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L’expressionnisme post-graffiti dans le New-York underground des années 80

Dans une période où l’art conceptuel et minimaliste constituaient les courants dominants de l’esthétique contemporaine américaine, l’univers de Basquiat s’est imposé en rupture, comme peinture néo-expressionniste. Basquiat a débuté sa carrière très jeune, en réalisant des graffitis conceptuels avec son ami Al Diaz, sous le pseudonyme SAMO. Dans le New-York des années 80, le mouvement post-graffiti a été marqué par un passage de la rue et des supports urbains à l’atelier et la toile, ouvrant l’accès au marché de l’art pour de jeunes artistes issus de la contre-culture. Basquiat introduit l’écriture dans ses tableaux et associe librement, dans l’exaltation d’une gestuelle créative fulgurante, et sur le mode de l’association libre, mythologie, spiritualité, histoire, anatomie des corps, bande dessinée, publicité et héros afro-américains. Un langage graphique singulier qui ouvre un infini de questionnements et de sens possibles pour le spectateur face à la densité et la complexité de chaque oeuvre. La culture afro-américaine est l’une des thématiques récurrentes et prépondérantes chez Basquiat. Il affirme son identité métissée et ses œuvres portent souvent un message politique dénonçant les inégalités raciales et sociales. Il met en lumière et en valeur des figures noires historiques et légendaires, comme le boxeur Mohamed Ali, dont le parcours est inspirant, ou Malcolm X. Autant de personnalités noires éminentes du monde de la culture, de la politique ou du sport qui ont joué un rôle décisif pour la reconnaissance des afro-américains. Des personnages représentés comme des héros et couronnés du symbole signature de l’artiste. Cette couronne iconique accompagne généralement le fameux sigle SAMO@ pour « same old shit ». Basquiat devient un des emblèmes de la culture urbaine underground et subversive du New York des années 70 et 80. En 1983, il est le plus jeune artiste et le premier artiste noir à être exposé à la biennale du Whitney Museum. Basquiat a ainsi ouvert la voie, avec une œuvre foisonnante et prolifique, à la reconnaissance tardive des artistes d’origine africaine, que le marché de l’art a longtemps sous-estimés et qui bénéficient aujourd’hui d’un engouement marqué et amplifié par le mouvement Black Lives Matter. Basquiat avait revendiqué, dans son travail, les idées du mouvement Black Power qui dans les années 70 et 80 appelait à l’union des noirs. Certaines de ses œuvres sont des critiques de l’abus de pouvoir exercé par les autorités ou des violences policières (cf son œuvre La mort de Michael Stewart en 1983). Basquiat était inspiré par tout ce qui l’entourait et curieux de connaissances dans des domaines variés. Lectures éclectiques (BD, traités de médecine, livres d’histoire) , musique jazz, rap aussi bien que punk ou pop : autant de références que l’on retrouve dans la complexité des ses œuvres saturées aux multiples dimensions.

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Appartement studio de Basquiat à New York, dans lequel il est décédé

Une fascination pour les planches anatomiques

L’œuvre de Basquiat est hantée par la violence de la mort et par les corps. A 7 ans il est renversé par une voiture alors qu’il jouait dans la rue. De cet accident qui lui a valu de longues semaines d’hospitalisation, il dit que c’est son plus vif souvenir d’enfance : « C’était comme dans un rêve. Exactement comme dans un film, lorsque les images défilent au ralenti. Lorsqu’une voiture vous fonce dessus, ça ressemble à ça. » A l’hôpital, Basquiat reçoit de sa mère le prestigieux Gray’s Anatomy, une lecture qui l’occupe pendant toute sa convalescence. Les références aux planches anatomiques vont parcourir son œuvre et certaines toiles seront exclusivement consacrées à l’architecture des corps. Il nommera même son groupe de musique « Gray », fondé en 1979, en référence à l’auteur du manuel d’anatomie publié par Henry Gray en 1950, et qu’il relisait fréquemment. Ce groupe créé avec l’écrivain et artiste pluridisciplinaire Michael Holman se caractérisait par un son très industriel.

Exposition à la Fondation Brant, NYC (avril 2019)

Basquiat et Warhol 

A l’automne 1982 c’est le marchand d’art Bruno Bischofberger qui organise la rencontre à la Factory d’Andy Warhol. Une photo des deux artistes prise à cette occasion inspire Basquiat pour la réalisation de sa toile Dos Cabezas, qu’Andy Warhol accueille avec enthousiasme. À partir de là, une une collaboration intense va se nouer, donnant lieu la production commune d’une centaine de tableaux. Avec Warhol, Basquiat s’initie à la sérigraphie et au contact du jeune artiste Warhol revient à la peinture. La relation entre Basquiat et Warhol était, d’après le témoignage de Keith Haring, « une sorte de conversation physique, qui passait par des couleurs, non par des mots ». Basquiat, d’origine haïtienne, avait initié son aîné à la problématique raciale en l’encourageant à porter un casque pendant 24 heures pour comprendre ce que pouvaient ressentir les hommes noirs au quotidien en Amérique, et quels regards étaient portés sur eux. 

Parmi les œuvres emblématiques réalisées à 4 mains, on peut citer Eiffel Tower, 1985, que l’on a pu revoir durant la magnifique rétrospective de la Fondation Vuitton, réalisée après un voyage des deux artistes à Paris. Pour commencer la toile, Warhol a placé ses figures sérigraphiées, deux tours Eiffel noires réhaussées de blanc. Basquiat a ajouté des grenouilles vertes à l’acrylique comme emblèmes des français froggies, ainsi que les couleurs bleu blanc rouge du drapeau, en les déstructurant par le jeu des aplats, faisant jaillir la Tour Eiffel comme une fusée dans le ciel. Les éléments au style iconique de Warhol sont ainsi associés à l’univers fantasmagorique de Basquiat, comme un surgissement malicieux dans un ensemble stéréotypé. 

Leurs œuvres conjointes des années 80 ont cependant suscité certaines critiques : « Cette collaboration ressemble à une des manipulations de Warhol. Basquiat donne l’impression d’un accessoire trop complaisant », avait notamment écrit la critique d’art Vivien Raynor dans le New York Times. « C’était comme un mariage fou dans le monde de l’art et ils formaient un couple étrange. Leur relation était symbiotique. Jean-Michel pensait qu’il avait besoin de la renommée d’Andy et Andy pensait avoir besoin du sang neuf de Jean-Michel. Jean-Michel a donné une image de rebelle à Andy », a expliqué l’assistant d’atelier de longue date de Warhol, Ronny Cutrone, dans l’ouvrage de Victor Bockris intitulé Warhol: The Biography. La collaboration a souvent été houleuse : Andy Warhol l’écrit lui-même dans son Journal le 7/10/84 : « Jean-Michel est tellement compliqué. On ne sait jamais de quelle humeur il va être, ce qu’il aura pris. Il devient vraiment paranoïaque et répète : “Tu m’utilises, tu m’utilises” » Basquiat semble en tous cas affecté par les critiques suggérant qu’il serait relégué au rang d’accessoire ou de mascotte aux prises avec les manipulations perverses de Warhol. À partir de 85, après l’exposition commune à la galerie Tony Shafrazi (NYC) dont l’affiche restée célèbre représente Basquiat et Warhol en boxeurs. il prend ses distances ne reverra plus beaucoup Warhol avant la mort de ce dernier en 1987. Il lui survivra seulement un an, réalisant en hommage un triptyque de portes à la manière d’une pierre tombale (Gravestone, 1987), portes sur lesquelles sont représentées une tulipe noire, une croix jaune, une tête de cœur ainsi que le mot « Perishable ». À la mort de Basquiat en août 1988 dans le loft atelier que lui avait loué Warhol au 57 Great Jones street, on retrouvera juste à côté de l’évier son portrait qu’avait réalisé Wahrol, témoignant d’un attachement complexe et indéfectible malgré l’éloignement et la mort.

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Le succès de Basquiat en France

En France, le succès de Basquiat doit beaucoup à Enrico Navarra. Galeriste, Éditeur d’Art, il aura pressenti l’aura de Basquiat et transmis inlassablement, partout dans le monde, la passion pour son œuvre fascinante. « Je connaissais très bien les années 1980. J’avais passé plus de temps dans les boîtes de nuit new-yorkaises que dans les galeries mais, là, face à cette œuvre, je me suis dit : ou je suis un imbécile ou le travail de cet artiste [Basquiat] est fantastique ! […] J’avais vu ses œuvres au Palladium, à New York au milieu des années 1980 et, au début de 1988, j’ai acheté deux ou trois œuvres à New York et, au mois d’octobre suivant, je suis allé à la FIAC avec Jean-Louis Prat (alors directeur de la fondation Maeght). Il venait d’y acheter un tableau de Basquiat, à ses yeux l’un des meilleurs artistes de la seconde moitié du XXe siècle. Lorsque je lui ai annoncé que je préparais une exposition de groupe dans laquelle je pensais présenter deux tableaux de Jean-Michel m’appartenant, il m’a répondu : «Non, ce qu’il faut faire, c’est une exposition entièrement consacrée à Basquiat ». Je suis rentré chez moi, j’ai téléphoné à New York, j’ai acheté dix tableaux et nous avons tenu notre première exposition Basquiat à la galerie Navarra, qui était alors située rue du Faubourg-Saint-Honoré ». Disparu il y a un an, quelques mois après avoir organisé une magnifique exposition de dessins de Basquiat dans l’une des galeries d’exposition du Château La Coste, Enrico Navarra aura été un passeur d’émotions esthétiques, créant des ponts entre l’art, l’architecture, la littérature et suscitant des rencontres lumineuses entre artistes pour ouvrir les frontières de la création.

Des expositions et rétrospectives majeures qui suscitent toujours l’engouement 

La première rétrospective française s’est tenue au musée Cantini à Marseille en 1992. En 1984, il figure dans une exposition au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris qui confronte la figuration libre en France et aux USA. En 2010, le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris organisera une rétrospective majeure, alors que l’artiste devient une figure incomparable du marché de l’art, en collaboration avec la Fondation Beyeler où elle a d’abord été présentée, à l’occasion du 50ème anniversaire de l’artiste victime d’une overdose à seulement 27 ans. Le succès de cette exposition a scellé l’aura de Basquiat en France, qui ne s’est pas démentie lors de la magnifique exposition en 2018-2019 à la Fondation Vuitton, dont les espaces aux volumes exceptionnels ont permis de déployer une œuvre pléthorique et monumentale. Une partie de cette exposition a ensuite été présentée à la Fondation Brant à New York, alors que cette dernière inaugurait de nouveaux locaux non loin de l’appartement de 57 great jones street où l’artiste a résidé durant cinq ans, crée, et trouvé la mort en 1988. Un studio-atelier que Basquiat avait loué à Andy Warhol pour 4000 $ et devant lequel aujourd’hui, une plaque en mémoire de Basquiat et de nombreuses œuvres de street art dédiés rappellent sa présence. Cinq ans après sa mort, en 1993, le Whitney Museum a présenté une rétrospective de l’œuvre de Basquiat, suivie en 1997 par une autre exposition majeure au Mitsukoschi museum à Tokyo. En 2005, une exposition lui est consacrée au Brooklyn Muséum, un hommage pour l’artiste qui a grandi dans ce quartier de NYC, suivie 10 ans plus tard d’une exposition centrée sur ses carnets, qui montre à quel point les mots et le texte sont partie intégrante du langage graphique de Basquiat. 

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Fondation Louis Vuitton, 2018

Actualité de Basquiat 

Une exposition majeure se termine ce mois de juin à Boston au Museum of fine Arts, « Writing the future ». Sont présentées les œuvres de Basquiat en peinture, sculpture, dessin, vidéo, musique et mode, ainsi que celles de ses contemporains, dont certains avec qui l’artiste a eu l’occasion de collaborer : A-One, ERO, Fab 5 Freddy, Futura, Keith Haring, Kool Koor, LA2, Lady Pink, Lee Quiñones, Rammellzee et Toxic. Tout au long des années 1980, ces artistes ont impulsé, à la faveur de leur énergie créatrice, de nouvelles directions dans les arts, le design et la musique, contribuant à l’émergence de la culture hip-hop. « Writing the Future : Basquiat and the Hip-Hop Generation » illustre comment les abstractions subversives du langage tant visuel que verbal de ce groupe aux pratiques en rupture ont propulsé ces artistes sur les principales scènes de l’art et de la musique. Il s’agit de la première grande exposition à contextualiser le travail de Basquiat par rapport au hip-hop. 

Au printemps 2022, plus de 200 œuvres inédites seront exposées à New York, au mythique Starr Leigh building dans le quartier de Chelsea. C’est la première fois depuis la disparition de l’artiste que la famille Basquiat met à disposition les archives. Les sœurs de Jean-Michel ont travaillé sur la conception d’une expérience immersive pour découvrir différentes facettes de son travail dans toutes les dimensions de l’univers de la pop culture. Car Basquiat, au début de sa carrière d’artiste, était aussi musicien, et a notamment laissé un des disques de hip-hop les plus rares au monde, une battle de 12 minutes avec MCs K-Rob vs Rammellzee, qu’il a produit à 500 exemplaires avec pochette dessinée de sa main. L’album réalisé en 1983 est intitulé Beat Pop. Basquiat a également dessiné la pochette celle du premier disque de The Offs (1984).

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Fondation Louis Vuitton, 2018

La série d’estampes « Anatomy »

Hatchikian Gallery présente deux estampes sérigraphiées, épreuves d’artiste issues de l’ensemble « Anatomy » réalisé par Basquiat en 1982. Cette série comporte 18 planches anatomiques inspirées du manuel Gray’s Anatomy, offert à l’artiste par sa mère lors de son hospitalisation à l’âge de 7 ans après un accident et qui est resté une référence régulière et inspirante tout au long de son parcours artistique, témoignant d’une véritable fascination pour l’architecture du corps. Ces planches anatomiques traduites dans le langage graphique de Basquiat concernent différents types d’os, ligaments, muscles, organes ou encore un crâne. Hatchikian Gallery vous invite à découvrir ces œuvres disponibles dans ses collections.

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