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Youssef Boubekeur : le sacre de l’animal, un accueil de l’altérité

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Youssef Boubekeur cherche à révéler, avec la précision de son trait monochrome de bic bleu universel, les parts d’ombre et de lumière intérieures, en déjouant les décloisonnements Homme /animal pour tracer les analogies comportementales et nous rappeler que le chemin de la sauvagerie à la civilisation n’est pas toujours linéaire. Son œuvre interroge la condition humaine au regard de l’altérité animale. Domestiquer l’animal en nous, refaire lien d’appartenance, un impératif adressé à l’humanité, à l’heure d’une hypermodernité qui promeut le règne du pulsionnel et encourage la prédation. 

La puissance expressive du monochrome bleu

L’animal, tout comme l’homme, est un être social, qui vit parmi les autres, et l’artiste cherche à tracer ce qui fait lien dans l’espèce vivante. Ses portraits d’animaux aux parures humaines saisissent un regard, une attitude, une histoire, une manière d’être-au-monde, une identité tissée par l’altérité qui joue des ambivalences. Les nuances de bleu révèlent, avec la puissance du monochrome, toute la dualité comportementale qui transcende les classifications. Le dessin est une manière d’explorer l’âme et ses tourments : la superposition de traits donne une épaisseur narrative aux personnages, qui apparaissent dans l’aspérité de leur histoire singulière, se livrant alors alors au regard dans toute leur densité, leur complexité et leurs paradoxes, en nous convoquant à un troublant face à face en jeu de miroirs sur l’intériorité. Illusion anthropomorphique ou échange Homme / Animal qui se noue, par lequel chacun se civilise ?

Le dessin : des traits pour souligner la continuité entre l’espèce animale et humaine

Le travail de Youssef Boubekeur questionne tout autant la part d’humanité dans l’animal que la part d’animalité chez l’Homme. “L’homme est un animal enfermé à l’extérieur de sa cage”, écrivait Paul Valéry, et ce propos est une inspiration pour l’artiste, qui porte la question de l’identité en dehors des ségrégations. Le travail de l’artiste sur le regard est essentiel : il est une fenêtre sur l’intime et la puissance expressive suggère le tourment des conflits inconscients entre la pulsion sauvage et la sublimation qui humanise. Sommes-nous de la même espèce, humains parfois aux prises avec notre bestialité primitive, animaux capables d’empathie ? Dans la série We Are One Family, Youssef Boubekeur a dessiné des familles d’animaux, entre transmission et fraternité. Par les regards et les postures gestuelles, l’artiste donne à entrevoir comment se noue la confiance, socle de l’accueil d’un Autre qui cesse alors d’être considéré comme une proie, quand l’étrangeté menaçante se se transforme en une appartenance familière. Le spectateur pourra tisser son propre récit des rencontres singulières qui défient les cloisonnements entre espèces. Car l’Homme se distingue de l’animal, non pas tant par son comportement, mais par un langage qui s’affranchit du code pour se déployer en narration, avec l’accès au symbolique et la quête de sens que cela implique, et c’est bien là le lieu de son intranquillité.

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Une résonance avec l’inouï de la période actuelle : attente, confinement ou captivité ?

Le travail de Youssef Boubekeur a rencontré un écho tout particulier en cette période de suspension du temps, qui lui a inspiré la série Waiting, portraits d’animaux en attente, dont le regard et les traits pourraient être les nôtres. Le confinement a pu s’apparenter, d’une certaine manière, à l’expérience des affres de la captivité, dans laquelle la confrontation entre la part animale et la part civilisée a pris un relief inédit et singulier. L’Homme privé de son mode de vie, de sa sociabilité, comme l’animal captif peut l’être de son milieu naturel, perd ses repères et son horizon, se trouve  en arrêt, dans une attente dépourvue de perspectives, comme un lion en cage, aux prises avec l’insensé. Le souci de l’Autre s’ouvrira-t’il aux leçons paradoxales venues du monde animal ?

La place de l’animal et ses rapports avec l’Homme dans les différentes cultures, une inspiration pour l’artiste

Youssef Boubekeur s’est intéressé à la manière dont différents pays du monde, différentes cultures, ont historiquement vécu la cohabitation avec les félins, emblèmes de l’animal sauvage. Ces derniers ont parfois été drapés de parures humaines les mettant en scène dans différents mythes et récits. Le paradoxe qui a parfois conduit à l’extinction d’espèces pour protéger la vie humaine, ou encore le statut sacré des tigres en Inde, à qui l’on organisait des rituels funéraires semblables à ceux des êtres chers, a beaucoup inspiré une œuvre qui au fond raconte l’histoire d’une place dans le monde à partager. Dans ses dernières séries, l’artiste a rehaussé le monochrome bleu de cire ou de feuille d’or. L’apparition de la dorure dans l’œuvre marque une réflexion sur la sacralité. Dans sa dernière série, Animal Sacré, Youssef Boubekeur dessine cet Autre précieux, dans l’esprit de la continuité des espèces animale et humaine. L’animal a nourri l’imaginaire fictionnel des civilisations et relié les hommes par les mythes dont la fonction est de prendre en charge le tragique de la condition humaine par le symbolique. Ces animaux emblématiques autour desquels se sont transmises des pratiques rituelles ou des croyances, l’artiste les sacralise en les auréolant d’or, pour les sublimer et souligner leur grâce, alors que beaucoup sont menacés de disparition. Une manière de rappeler à l’Homme ses responsabilités à l’égard du vivant.

Une féminité gracile et mystérieuse

Ce travail sur la sacralisation de l’animal, dans l’œuvre de Youssef Boubekeur, revêt les contours de la féminité, car sans doute est-ce cette part féminine qui fascine, échappe, suscite le désir et fait redouter l’absence. Féline, gracile, aux parures altières et élégantes, la féminité est couronnée de feuilles d’or et apparaît majestueuse, dense d’une intériorité qui reste toujours mystérieuse. D’une grande sensibilité, ces divinités, icônes mi-félines mi-féminines, sensuelles et imprévisibles, nous captivent par leur regard intense et leurs mains délicates autant que par leur assurance impériale. 

Si la série Animal Sacré compte beaucoup de figures féminines que l’artiste souhaitait mettre à l’honneur, les félins- hommes sont bien présents, et tous nous invitent ensemble à prendre soin de l’Autre comme d’un joyau à protéger et préserver. Sans distinction entre l’animal et l’humain. Le propos de Marguerite Yourcenar dans un livre d’entretiens, Les Yeux Ouverts, trouve un écho dans la démarche artistique de Youssef Boubekeur : “Bien plutôt qu’anthropomorphiser l’animal, l’homme a choisi le plus souvent de sacraliser en s’animalisant”.  Dans ces entretiens, elle livre des réflexions sur la condition humaine, la vie, le sacré, inspirées par des philosophies du sacré et notamment les principes bouddhistes. Elle nous rappelle à quel point l’ignorance nous maintient dans la sauvagerie et nous éloigne du trajet de l’humanisation. 

Finesse, 2020

Bic et cire d’or sur papier Arches 300 grammes

120 x 78,5 cm

Chiara, 2020

Bic et cire d’or sur papier Arches 300 grammes

170 x 114 cm

Découvrez les œuvres originales et les lithographies de Youssef Boubekeur dans nos collections. L’exposition We Are One Family que nous avons présentée en 2019 est à revoir en visite virtuelle dans la rubrique dédiée à l’artiste. 

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